Chili



Consulaire:


En arrivant au Chili on peut obtenir un titre de séjour touristique gratuit de 3 mois. Il est tout à fait possible de renouveler ces 3 mois en allant faire un aller-retour à la frontière d’un des pays frontaliers: principalement l’Argentine mais aussi le Pérou et la Bolivie qui ont le même régime de visa gratuit. Enfin en théorie ça marche mais en pratique les types de l’immigration chilienne sont tout à fait en droit de vous refuser l'entrée ou sinon de vous imposer un séjour de quelques jours seulement; sur une simple suspicion du genre vous avez l’air de quelqu’un qui squatte et qui bosse sans le bon visa dans le pays !

D’autre part, il faut tout de même savoir que la grosse majorité des postes frontières avec l’Argentine sont situés en haute montagne et la plupart se retrouvent fermés pendant les mois d’hivers (voir le détail dans le chapitre suivant). Dans ce cas, plutôt que de se taper un grand détour vous pouvez toujours demander un extension de visa touristique de 3 mois supplémentaire à un bureau du gobierno regional situe dans une capitale de région: c’est pas compliqué mais ca coûte une blinde, 100 $US ! Pour le même prix, il est possible de demander un visa temporaire d’un an auprès du bureau de Departamento de Extranjería y Migración (dans chaque capitale de région ou sinon à Santiago)

mais il vous faudra monter un dossier assez relou avec l’aide de quelqu’un du coin et surtout prouver que vous avez suffisamment de blé pour rester sans bosser !



Passage de frontières:


L'entrée au Chili est en général plutôt simple avec juste une carte d’immigration à remplir et conserver pendant le séjour. Le truc systématique bien casse-couilles qui vous pend au nez c’est la fouille des bagages. Il est interdit d’introduire des plantes, fruits-légumes, viandes et fromages dans le pays sous peine de réquisition ou d'amende. Donc on vous demande de remplir une feuille de déclaration ou vous déclarez ou non des produits sur la liste. En clair: si vous déclarez ne pas avoir de ces trucs on ne vous fouillera pas a coup sur mais si c'est le cas et qu'ils trouvent ne serait-ce qu'une petite pomme vous allez payer une amende plutôt salée (me rappelle plus du prix); mais si vous dites que vous n'êtes pas sur on vous fouillera d'emblée les sacs et réquisitionnera les terribles produits interdits, sans amende à payer. Bref, mieux vaut finir de bouffer les fruits et légumes avant de passer cette frontière ... ou les mettre dans les poches de vos vêtements, qui ne sont jamais fouilles eux (stratégie testée au moins une bonne dizaine de fois ^^) !

Vous pouvez trouver ici la longue liste des postes frontières du Chili avec ses pays voisins.

A noter qu'il n'y a qu'un seul poste pour le Pérou (celui d'Arica) et 5 pour la Bolivie dont 2 sont des corridors a camions de marchandises (Chungará et Colchane) et un l'acces pour la difficile piste du sud Lípez bolivien (Hito Cajón).

A propos de la fermeture saisonnière pour cause d'enneigement, cela concerne uniquement les postes frontières situés au sud du tropique du Capricorne comme les pasos San Francisco et Agua Negra par exemple. Les postes principaux comme Los Libertadores, Cardenal A. Samoré ou encore Pino Hachado et Chile Chico sont en général ouverts toute l'année.



Le fric:


Aucun problème pour trouver des ATM au Chili, il y en a partout. Le plafond maximum de retrait est généralement de 100 000 pesos mais dans certaines banques (me rappelle plus lesquelles) il peut aller jusqu'à 200 000 pesos chilenos (entre 250 et 300E selon le cours). Concernant le change il vaut mieux avoir des euros ou des dollars US à proposer car les monnaies des pays voisins ne sont réellement faciles à changer que près des frontières (surtout avec le peso argentin qui a un cours au black).



Réglementations a la con et/ou trucs pénibles:


Outre la réglementation sur l'interdiction d'introduire des plantes ou certains type de bouffe dans le pays, le Chili n'est pas vraiment un pays casse-couille. Autant que je m'en souvienne c'est surtout l'interdiction de boire de l'alcool dans les espaces publics qui peut concerner un étranger. Les flics comme l'administration en général ne sont pas corrompus et il n'y a pas grand chose à redouter des gusses en uniformes.


Autrement il me faut mentionner un problème important: les chiens. Le Chili est probablement le pays au monde ou il y a le plus de chiens par habitants, les chiliens adorent les clebs, ou plutôt aiment en avoir un ou plusieurs et souvent peu importe si l'animal passe son existence dans un carré de béton de 5m2. Et aussi sans doute parce qu'il y a presque autant de chiens errants que de domestiques à travers le pays. La pratique d'adopter des chiots pour les abandonner quelques années sinon mois plus tard quand le bestiau est trop grand ou trop chiant est très courante. Il y a donc une quantité ahurissante de clebs errants qui se baladent librement dans toutes les villes et villages du pays, surtout qu'il n'y a pas de service de fourrière au Chili et que de toutes manières les autorités ne veulent pas s'occuper du problème. Alors concrètement, et pour un voyageur piéton ou cycliste, les conséquences liées à cette surpopulation canine sont plutôt emmerdantes. En voyageant à vélo, il est évident que vous allez très régulièrement vous retrouver avec une horde de clebs au cul, errants mais aussi domestiques, qui vont essayer de vous chiquer un mollet ou même vos sacoches. Sans même évoquer les risques de contracter la rage, de tomber lourdement ou même de se faire tamponner par une bagnole ou un camion en faisant un écart, c'est surtout qu'il vous faut presque constamment être vigilant et ne jamais baisser la garde, ca use à la longue croyez-moi. A pied, n'espérez pas davantage de tendresse de la part de ces foutus quadrupèdes. Mêmes les chiens errants sont ultra-territoriaux et quand ils tendent à se regrouper en bandes ils deviennent très entreprenants et agressifs. Combien de fois je me suis retrouvé encerclé de clebs, en particulier dans des villages, avec toujours les gros dominants qui aboient par devant tandis que que des plus petits et discrets se pointent par derrière pour mordre ... c'est très amusant aussi je vous garantie ! Enfin il me faut aussi mentionner un autre petit détail: un chien qui aboie la nuit c'est chiant, mais des milliers ou même dizaine de milliers c'est encore plus pénible. Dans toutes les villes et villages du Chili il y a presque toujours ce bruit de fond nocturne d'aboiement massif, distant ou proche, qui va agrémenter vos nuits. Il vaut mieux camper loin de tout si vous voulez vraiment dormir pour de bon !


Un petit dernier pour la route: les tremblements de terre ! Le Chili est un des pays au monde qui a le plus de secousses sismiques, la faute aux plaques tectoniques tout ça. En gros, il y a très régulièrement des petites secousses qui frappent l'ensemble du pays à l'exception de la partie sud (a partir de la Patagonie), des sismos ca s'appelle: en général ça ne dure pas longtemps et ça ne secoue pas trop (genre 5 à 20 sec à moins de 7 sur l'échelle de Richter). Dans ces cas là, pas grand chose à craindre mais quand même il y a quelques trucs à éviter: genre planter la tente trop près d'une parois rocheuse si vous ne voulez pas vous manger un rocher sur la gueule en pleine nuit ! Camper au bord de la plage c'est pas vraiment une idée formidable non plus, si la terre tremble au niveau de la faille sous marine il y a quand même le risque de tsunami qui guette, ou plus simplement de grosses vagues qui déferlent !

Autrement si vous êtes en ville, pensez à ne pas mettre des trucs fragiles au bord d'une table comme une bouteille de pinard !



Coût de la vie:


Alors autant le dire de suite le Chili est un pays plutôt cher en règle générale, en tout cas bien plus cher que ses voisins (à l'exception peut-être du Brésil et de l'Uruguay) de l'Amérique du Sud. Pour des dépenses alimentaires en tout cas. Car il n'y a pas que des désavantages à être dans un pays plus "riche", on peut trouver au Chili beaucoup plus facilement des trucs de pointe (électronique ou pièces de vélo par exemple) et souvent pour moins cher qu'au Pérou ou surtout qu'en Argentine (cf la future fiche sur ce pays). Et puis du très bon vin également, et à des prix plutôt abordables.


En schématisant vite fait, il y a 4 grosses zones à distinguer dans le pays: le nord désertique et minier, de la frontière du Pérou plus ou moins jusqu'à La Serena, le centre qui va jusqu'à Puerto Montt avec l’île de Chiloe incluse, le sud qui comprend la Patagonie jusqu'à la Terre de Feu et enfin la capitale Santiago.

La zone centrale est la partie agricole du pays et ou la majorité de population du pays vit, c'est le secteur en théorie le moins cher du pays, en tout cas pour la bouffe a coup sur. Dans le nord, les produits alimentaires sont plus chers a cause de l'éloignement du centre mais aussi parce que les employés des nombreuses mines sont bien mieux payés en proportion que la moyenne des travailleurs. Dans le sud, l'isolement et les conditions climatiques mais aussi le succès touristique de la Patagonie fait bien grimper les prix; c'est sans doute la région la plus chère du pays. Enfin il y a la capitale Santiago où les prix sont bien plus élevés que dans la partie centrale environnante.


Mais quoi qu'il arrive il faut savoir qu'on peut toujours trouver moins cher en cherchant bien. En premier lieu, les supermarchés mais pas n'importe lesquels et surtout n'importe ou. Il existe plusieurs chaînes de grandes distribution au Chili et en fonction de leur localisation les prix peuvent varier assez largement: même si une marque de supermarché possède plusieurs succursales dans la même ville, les prix seront toujours plus élevés dans l'hyper situe dans un quartier résidentiel aisé que dans un autre placé en zone pour classe moyenne, et plus encore que près d'un ghetto! D'autre part, il y a souvent des enseignes de supermarchés grossistes ou mayoristas dans les villes assez larges. Il faut souvent y acheter un minimum de 2 ou 3 éléments du même produit mais le discount peut s'avérer très intéressant. La aussi la localisation importe, donc si vous parvenez à débusquer un mayorista place tout près d'un pobla (quartier craignos) vous ne pourrez pas trouver moins cher ^^.


Enfin il faut tout de même signaler que les prix sont presque toujours indiqués sur les produits dans les petites échoppes et même souvent sur ceux des marchés de maraîchers. Et même si ce n'est pas le cas, il y a peu de risque de se faire enfler en payant un prix pour "gringo" (de 1,5 à 3 fois plus, selon l'avidité) comme c'est le cas dans beaucoup de pays d'Amérique du Sud.



L'eau:


Dans l'ensemble l'eau du robinet est potable partout, a quelques petites exceptions tout de même. Par exemple, dans certaines stations essence ou bâtiments publics de la région centrale il peut y avoir des robinets qui délivrent de l'eau pompée dans une marre ou un canal, et qui sert à arroser les espaces vert ou a nettoyer des trucs. Pensez à inspecter la flotte, a la sentir (pour repérer ou non la présence de javel) ou même à demander à quelqu'un avant de la boire, ca peut vous épargner un bonne chiasse!

Dans la partie nord du pays, l'eau du robinet est globalement polluée par des minéraux comme l'arsenic par exemple. L'arsenic est naturellement présent dans les nappes phréatiques de la région de l'Atacama, mais à cause de la consommation abusive d'eau par les innombrables compagnies minières présentes dans cette partie du pays la concentration du minéral augmente constamment. La population vivant dans le nord est pratiquement contrainte à boire (comprendre: acheter) de l'eau minérale à cause de l'arsenic, et même de cuisiner avec! Dans la pratique il est quand meme possible de boire cette eau du robinet quand on est de passage sans se taper une intoxication mais le goût dégueulasse rend la chose plutôt inconfortable ! Dans certaines grandes villes du nord comme Antofagasta l'eau du robinet provient en partie de la désalinisation de l'eau de mer et la boire redevient tout à fait possible.


Mais de toute façon le vrai problème au Chili c'est plutôt d'accéder à un robinet public, la chose est particulièrement difficile sinon quelquefois impossible. Laisser un robinet pour un usage public c'est pas le genre de la maison au Chili, même les stations essences en sont dépourvu dans plusieurs parties du pays (surtout en ville), avec très souvent des chiottes fermés à clé ! Les parcs publics n'ont jamais de vannes d'eau accessible (en général sous une trappe verrouillée par un cadenas), les cimetières très rarement et les mairies ou églises presque jamais. C'est pénible quand on déteste demander a quelqu'un systématiquement; voila ce qui arrive quand on privatise a tout crin, même quelque chose d'aussi simple et vital que de l'eau est devenu un "produit" marchand ...

Sinon il y a souvent une vanne planquée devant ou derrière les postes de carabineros (les flics chiliens), idem près ou dans des postas (mini centres de soins dans les petits villages) voire carrément dans les hostaux: en général personne ne vous fera chier si vous venez prendre de l'eau dans ces bâtiments au moins ! Dans le nord du pays, le bon plan c'est d'aller demander de la flotte à l'entrée d'une mine: au minimum on vous refilera le plein d'eau minérale, sinon a bouffer et même parfois la possibilité de prendre une douche !



A pieds ou a velo:


A pied, le plus gros soucis c'est de trimballer de quoi bouffer et surtout de quoi boire dans le nord du pays. En dehors de la région centrale, il peut y avoir de longues portions sans le moindre habitant, sur plus de 100 bornes souvent. En Patagonie, l'eau n'est jamais difficile a trouver mais la bouffe, surtout pas chère, est compliquée à trouver. Dans le désert d'Atacama, il n'y a presque souvent rien du tout, ni bouffe ni flotte: une solution consiste à longer le littoral, il y a assez régulièrement des caletas, des micros villages de pêcheurs qui vivent dans des cabanes en tôle, ou vous pouvez demander de l'eau des conteneurs personnels des habitants du cru. Goût de plastique et teneur minimale en arsenic garantis mais de l'eau potable tout de même ! En 2012, je me suis très souvent retrouvé à trimballer presque 40kg sur les épaules pendant ma traversée de la moitié nord du Chili, juste pour avoir de quoi bouffer sans me ruiner et boire sans me priver dans l'Atacama ... le prix de la liberté !


A vélo, la bouffe et l'eau sont beaucoup moins problématiques à gérer. En tout cas si nous n'avez pas peur de charger la bécane. La plupart des conducteurs sont plutôt respectueux des cyclistes, surtout en comparaison des pays voisins ou même de l'Amérique du Sud en général. Cela dit, pédaler au Chili n'est pas toujours facile loin de la. Il y a beaucoup de chiens agressifs, mais j'en ai déjà parlé plus haut. Le vent, lui est pratiquement toujours au rendez-vous à travers le territoire chilien. Presque souvent calme le matin et très, très souvent déchaîné l'après-midi, surtout dans le désert d'Atacama. La nuit le vent s'arrête de souffler généralement après 22h le plus souvent. Si vous pédalez dans la mauvaise direction à travers le nord du pays, vous allez souffrir passe 14h, croyez-moi !

Autrement, et en dehors des cas particuliers comme les vallées proches du littoral ou près des montagnes frontalières, le vent souffle presque toujours de la même manière au Chili: du sud vers le nord quand il fait beau et le contraire quand il pleut, c'est très simple.

Autre soucis au Chili: le choix limité de routes dans le sens nord-sud. Le Chili est un pays très long et étroit placé entre l'océan Pacifique et la Cordillère des Andes, alors forcément il n'y a que bien souvent la route 5, la foutue panaméricaine avec ses cortèges de camions qui permet de rouler sur du bon bitume à travers le pays. Dans la région centrale, il y a souvent des axes secondaires nord-sud, le plus souvent le long du littoral Pacifique, mais il est rare de rencontrer une totale continuité sur plus de 500 km: en général, les parties situées aux extrémités sud et/ou nord des différentes régions ne sont pas toujours entretenues ou même pas du tout asphaltées. Rouler sur des pistes en terre, les ripios, pourquoi pas, mais c'est sans compter sur les terribles calaminas, ces petites bosses regulieres qui fait ressembler la route a de la tôle ondulée. Les types qui roulent en bagnoles 4x4 ou gros pick-ups vont bien souvent trop vite sur ces pistes et les endommagent en développant les calaminas. Pédaler sur une piste couverte de calaminas est un véritable enfer: non seulement ça vous secoue dans tous les sens mais ça fragilise voire même peut vous niquer vos porte-bagages ! A titre d'indication, la fameuse carretera austral (du moins sa partie au sud du lac General Carrera depuis que les travaux de asphaltisation ont commencé vers 2012) est une longue séance de calaminas de bout en bout !

Et enfin le problème de la clôture barbelée systématique. Au Chili, Ils en foutent partout, faut pas chercher a comprendre; de la Patagonie jusque dans l'Atacama vous trouverez cette putain de clôture tout au long des routes. C'est assez courant de trouver du barbelé dans les pays peuples par des colons, surtout quand il a fallu chasser des indigènes de leur territoire, et le Chili n’échappe pas a la règle ... Chacun fait ce qu'il veut mais de mon cote j'ai choisi la pince coupante comme solution: évidement en évitant les terrains occupes par du bétail, loin des maisons habitées et dans un angle mort hors de vue de la route, ca marche a tout les coups !