vive le vent ...

ma joute permanente avec le maudit vent des hauts plateaux du Qinghai, Chine part 7 (Qinghai) Golmud → Xining 28/07 → 04/08/2010

En quittant Golmud pour me rendre a Xining, j'allais bientôt en finir pour de bon avec les secteurs arides et desertiques. A l'exception de l'arrivee a Xining, je devais rester en permanence au dessus de 3000 m d'altitude et meme franchir plusieurs cols dont le plus eleve culminait a 3800m. En attendant, la premiere partie consistait en une longue ligne droite de 300km plein est dans une portion cmpletement aride, sans meme de maraicages. Fini les legions de moustiques et consort, je pouvais enfin retrousser mes manches et pedaler la chemise grande ouverte ! Les premieres heures du moins … car le soleil en ces zones d'altitude m'avait vite contraint a me rhabiller, gants y compris ! Des le premier jour, le soleil m'avait deja brule les avants bras et le dos des mains pourtant deja bien bronzes par de longues journees d'exposition sous le cagnard du Taklamakan. Je regrettais egalement de m'etre rase la barbe car j'avais le bas du visage rougi et desséché ainsi que les levres gercees par l'action conjuguee du soleil, de la chaleur et de la secheresse de l'air.

Pour feter ma reprise, la meteo me gratifiait des le premier soir d'un violent orage precede d'une tempete de sable ! Je ne l'avais pas vu venir du tout (decidement les previsions meteo c'est pas mon truc) mais heureusement j'avais conserve mon habitude de choisir un emplacement surélevé pour mes bivouacs du soir. Au moins je m'etais epargne les facheuses consequences du ravinement massif, je n'allais passer qu'une autre nuit, parmis tant d'autres, recouvert de sable. En tout cas si je ne devais evoquer qu'une seule chose d cete semaine ca serait le vent. Pas un seul jour sans que je n'ai a affronter ce maudit vent du nord nord-est toujours en pleine face. Le scenario etait le meme jour apres jour et toujours avec le meme timing: aux premieres heures de la journee le vent etait nul avant de commencer a souffler par intermittence entre 10h et 13h; par la suite le vent augmentait en intensite d'heure en heure jusqu'à 16h, au dela je me prennais des violentes bourrasques tres puissantes jusqu'à quelques heures apres le crepuscule. En general je faisais le maximum de km le matin avant de gerer les assauts du vent l'apres midi, souvent en faisant de longues pauses pour recuperer. Un puissant vent de face c'est vraiment l'enfer quand on est cycliste (qui plus est quand on est tres charge et que l'ensemble n'est pas du tout aerodynamique) : il faut pedaler dans les descentes pour ne pas s'arreter, retrogader les vitesses sur le plat car l'effort est similaire a une montee et je prefere ne meme pas parler des cotes ! Tres souvent il m'arrivait de hurler des insultes a plein poumons contre ce putain de vent qui me pourrissait mes journees en me contraignant a d'importants efforts !

Cette semaine la, j'allais croiser quotidiennement une tres grande quantite de cyclistes chinois en petits groupes. Le plus souvent c'etait des jeunes originaires des grandes metropoles de l'est et anglophones, tous se rendaient au Tibet via Golmud. Les chinois sont libres d'aller partout au Tibet, ils n'on pas a se farcir des autorisations et des restrictions comme les etrangers. En tout cas tous voulaient prendre une photo a mes cotes ! Je leur accordais volontiers la seance photo, ne serait-ce que pour echanger quelques mots et obtenir des informations sur mes prochains km. Il etait amusant de constater les differences de style qui nous separaient: les chinois avec leurs couteux velos ultra leger et leur chargement minimaliste, vetus de combinaisons de cyclistes fluos moule burne avec casque et lunettes de soleil et moi de mon cote avec mon clou economique leste d'un enorme sac a dos sur une planche en bois et sapé d'une chemise maculee de sel, d'un pantalon beige tache de partout par la graisse de la chaine et le bitume, de grosses chaussures de montagne et de gants de demmenageurs !

Le paysage commencait a changer progressivement a mesure que je me dirigeais vers le nord, avec d'avantage de verdure et de cours d'eau. Essentielement des paturages car l'altitude limitait la presence des arbres aux alentours proche des villages. Ca me changeait des cailloux et du sable ! Au moins je parvenais a realiser mon quota de 100 bornes par jour malgreles premiers reliefs et ce foutu vent. La chose n'etait pas toujours aisee, surtout quand il me fallait grimper un col dans l'apres midi. Je me souviens notamment de 2 terribles ascensions, un jour apres l'autre, ou en plus de la pente bien raide et du vent infernal de face, j'ai du composer sur une route fraichement goudronnee et fondante sur plus de 3 cm de profondeur. Soit j'etais scotche sur le bitume fondant ou alors je roulais sur le bas-cote et ramassais toutes les merdes laissees par les routiers sur mes roues recouvertes de goudron ! C'est d'ailleurs a cette epoque que je commencais a ressentir une douleur au genou gauche qui allait irrémédiablement s'aggraver par la suite de jour en jour. Il faut bien dire qu'a force de croiser d'autres cyclistes en admiration, j'avais eu la stupidite de rechigner a descendre du velo pour pousser et je m'entetais a pedaler en toutes circonstances.

En gagnant l'immense lac Qinghai j'en avais quasiment termine avec les grosses ascensions jusqu'à Xining, mais le terrrible vent de face se chargeait d'entretenir mon inflammation au genou en me contraignant toujours a d'avantage d'efforts. Plutot que d’apprecier tranquillement la vue sur le lac en roullant sur du plat, ce maudit vent me contraignait a une position prostree, tete baissee en serrant les dents pour supporter la douleur.

L’unique bon souvenir que je conserve de mon passage sur les rives du lac Qinghai consiste en une memorable soiree en compagnie de touristes chinois. Alors que j’etais en quete d’un coin retire pour placer ma tente, je passais devant une auberge de jeunesse qui accueillait deja plusieurs groupes de vacanciers chinois venus pour faire le tour du lac a velo. Tandis que je m’arretais, je me trouvais presque immediatement entouré d’une foule euphorique qui m’invitait a rester en leur compagnie pour cette soiree. L’AJ affichait complet mais le jeune gerant m’offrait de rester dormir la nuit a titre gracieux sur un canape. Toute une soiree a accepter la nourriture offerte par les autres pensionnaires en compagnie de filles anglophones plutot mignonnes avant de tuer une bouteille d’alcool de riz avec les plus couche tard ! Le lendemain, j’etais en mesure de me rendre dirctement a Xining  a environ 150km de la car les derniers 90km n’etaient que de la descente en continu. Cependant je fus contraint de m’arreter avant midi apres avoir effectue seulement un tiers du trajet en raison de violentes crampes abdominales. J’etais tellement mal en point que je reussissais tout juste a monter peniblement ma tente a moins de 20 metres de la voie rapide avant de m’ecrouler a l’interieur. Il faut dire que le matin meme j’avais bu a plusieurs reprises l’eau d’une bouteille deja entamee de ma collection (j’avais pas loin de 6 bouteilles  de 2 a 3 L chaque dont la moitie etaient pleines depuis que j’avais cesse d’arpenter le desert) dont l’odeur et le gout auraient du m’alerter. En effet depuis l’epoque ou je marchais encore dans le Xinjiang, j’avais cesse de filtrer l’eau du robinet pour la boire telle quelle puisque je la tolerais sans problemes. Les chinois par contre, font tous bouillir l’eau systematiquement avant de la boire. Ils procedent ainsi d’une part parcequ’ils ne font pas confiance au traitement de l’eau potable (soit disant que le dosage en chlore serait insuffisant) et surtout parcequ’ils n’aiment boire que de l’eau chaude. Ils conservent leur fotte dans des thermos, pas pour faire du the mais pour la boire brûlante. C’etait vachement emmerdant parceque quand je demandais de l’eau dans un resto ou meme a des particuliers ils me degainaient aussi sec leur grand thermos et me niquaient mes bouteilles en plastique avec leur eau bouillante ! Le plus souvent je faisais le plein de mes bouteilles aux robinets des stations services pour avoir de l’eau fraiche, j’avais suffisamment bu d’eau brulante dans le desert du Taklamakan ! De toutes facons s’il y avait bien quelque chose a craindre dans l’eau du robinet chinoise c’etait la polution chimique et la faire bouillir ou meme la filtrer ne pouvait l’eliminer … En tout cas mon experience m’aura prouve que l’eau du robinet chinoise etait potable mais qu’elle vieillissait mal au dela de quelques jours dans une bouteille !

Le lendemain, j’effectuais rapidement la longue descente vers Xining sous une pluie battante. J’allais neanmoins experimenter ma premiere crevaison a 10km de mon but (de la roue arriere, la plus chiante a retirer) en plus d’un mois et pres de 3000km de route. La faute au routiers qui laissaient systematiquement tout leurs gravats sur la bande d’arret d’urgence a chaque panne: il fallait vraiment etre vigilant en permanence. Malgre mes efforts pour zigzaguer entre ces merdes, j’avais fini par rouler sur un clou. Xining etait ma premiere “grosse” ville de Chine et je devais rouler sur une voie rapide ou convergeait presque la moitie de tout le trafic routier est-ouest du pays, il y avait une quantite monstrueuse de poids lourds. Je restais 2 nuits a Xiningchez un instit americain qui enseignait l’anglais dans une ecole de la ville, contacte sur Couchsurfing. Il m’avait grandement aide a me procurer des anti inflammatoire pour mon genou grace a ses relations. En Chine, pour obtenir un medicament, il n’y a guere que dans les hopitaux publics que l’on peut avoir la certitude de ne pas recuperer une contrefacon ! J’avais pris une fiole de medecine chinoise appropriee egalement mais elle semblait plus efficace pour calmer les piqures d’insectes et les coups de soleil que pour faire desenfler un genou.
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