Galere a Kayseri

Ou les relations complexes avec les flics turcs, janvier 2009 (Toutenmarchant)

L'arrivée dans la grande ville de Kayseri marquait la fin de notre petite ballade en Cappadoce et le début des difficultés. Nous étions a présent fin Janvier et nous nous apprêtions a pénétrer la partie orientale de la Turquie réputée pour ses haut reliefs et ses hivers très rigoureux. Nous avions envisage de nous rendre a Kangal, petite sous-préfecture placée entre Sivas et Malatya, dans un premier temps, pour rejoindre par la suite Erzincan. En arrivant par l'ouest dans la banlieue de Kayseri nous réussîmes a obtenir auprès d'une mosquée la possibilité de dormir dans un petit local attenant. c'est ainsi que nous étions résolus a accomplir les deux taches que nous nous étions fixe pour le lendemain: rencontrer un journaliste de presse locale, pour avoir sous la main un article en turc mis a jour expliquant notre voyage a trois puis ensuite acheter des raquettes pour progresser plus aisément dans la neige par la suite. nous parviendrons a rencontrer un journaliste de la gazette de Kayseri dans la matinée mais celui-ci, malgré nos efforts pour communiquer avec lui en turc, se bornera a pondre un article en recopiant a sa sauce deux vieux journaux datant de nos premiers mois dans le pays. Pas très professionnel mais bon, ça suffisait en ce qui nous concernait. Par contre, trouver des raquettes a neige s'avéra une mission impossible: toute un après-midi a parcourir dans tous les sens la ville, de boutique en boutique, sans le moindre succès. Les magasins de sport ne vendaient que des skis, des surfs des neige mais pas la moindre raquette en rayon... Le crépuscule arrivant, nous entreprîmes notre habituelle recherche d'un toit pour la nuit. C'est donc tout naturellement que nous nous dirigeâmes vers des mosquées pour effectuer ces démarches. Las, nous ne rencontrâmes guerre de succès ce soir la. Après avoir essuyé plusieurs refus, nous nous laissâmes convaincre par un imam de le suivre jusqu'à un bureau de police du coin, ou il était question que l'on puisse nous aider. C'est alors qu'allait se poursuivre notre soirée de galère...En arrivant nous expliquons aux policiers notre requête, a savoir un simple local a l'abri de la pluie et des rôdeurs pour cette nuit, avant que ceux-ci nous confient a leurs collègues. s'en suit un inévitable et interminable contrôle de passeports au terme duquel on nous invite a monter dans une voiture direction le centre ville, manifestement. Arrive sur l'avenue principale de Kayseri, le véhicule s'arrête et l'agent se retourne en nous disant dans un anglais approximatif et avec un grand sourire :" voici le centre ville, vous trouverez plein d'hôtels ici ! ". Allons bon, on était pas encore couches ! Calmement, nous lui reexpliquons que nous faisons un tour du monde a pied avec deux euros par jour, que les nuit a l'hôtel ne rentrent pas dans notre budget et que si nous étions allés a leur rencontre c'était pour trouver un simple petit local pour dormir avec nos sacs de couchages a même le sol si nécessaire. A mesure que nous lui expliquons, notre chauffeur perd progressivement le sourire jusqu'à nous regarder avec méfiance. Puis d'un coup il nous réclame nos passeports, Les regarde attentivement avant de nous déclarer qu'il devait procéder a un contrôle au poste de police...C'est fou comme on progresse !

Retour dans la salle d'attente, ou en guise de consolation, nous éclusons plusieurs verres de thé pour nous aider a patienter. Le temps passe, les heures s'égrainent et nous nous rapprochons de minuit sans que rien ne se passe... Nous nous enquerrons de notre sort auprès de policiers, qui désormais regardent la télévision. Devant l'inertie générale nous suggérons de planter la tente sur le carre de pelouse a cote du poste de police, la ou a fortiori notre sécurité devrait être garantie. Les officiers valident notre proposition tout en conservant nos passeports et nous nous empressons de monter la tente avant de nous entasser tête-bêche tous les trois dedans et de nous endormir dans la foulée. Puis vers trois heure du matin nous entendons quelqu'un qui appelle, a deux mètres de la tente :" Simone ! Simone !" a plusieurs reprises. Nous ouvrons, et un agent nous tend immédiatement un téléphone portable. Au bout du fil un haut grade de la police de Kayseri parlant français:" Ça va ? Vous dormez bien ? Vous pouvez dormir a l'intérieur si vous voulez, pas de problèmes ! vous êtes sur que tout va bien ? " Nous le rassurons : tout va très bien, on va continuer a dormir dans la tente, ce n'est pas un problème, maintenant qu'on est installe et que la nuit est bien avancée, et une fois encore tout va très bien. Nous rendons le téléphone et nous rendormons presque aussitôt, après quelques jurons étouffés. Le lendemain matin, alors que nous démontions la tente et commencions a remballer nos sacs, des agents viennent a notre hauteur et nous expliquent que nous devons attendre. Puis tout s'enchaîne: on nous offre le petit déjeuner puis on nous conduit a un hammam du centre ville. Une véritable aubaine tandis que nous n'avions pas pris de douche depuis dix jours au moins ! Notre première expérience du hammam, nous la ferons donc sous escorte policière, mais comme invites s'il vous plaît ! Dans une chaleur étouffante (la pièce la plus chaude est a soixante-dix degrés) nous allions pouvoir nous décrasser entièrement pendant une bonne heure aux frais de la princesse. Ensuite nous fumes convies a déjeuner dans un restaurant situe sur la place principale de la vile. Au menu un excellent plat dont j'ai oublie le nom, a base de viande de boeuf et de tomate, arrose de milkshakes. On nous conduira ensuite au commissariat principal de Kayseri, nos hôtes nous feront visiter leur centre de formation. Enfin, vers le début de l'après-midi, on nous rendra notre liberté en nous déposant a la sortie de la ville. C'est donc sur une bonne note que nous quitterons Kayseri pour affronter les montagnes a venir !

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