En route vers Angkor

Mon passage dans le nord ouest du pays suivi de la visite de l'incontournable site d'Angkor. Cambodge part 3 Phnom Penh - Kbal Spean 13.11 - 22.11.2010

Pour rejoindre Siem Reap, la ville  a 15 km au sud d'Angkor, il y avait 350 km de route. J'ai tout traverse a bloc en 3 jours, tellement le chemin etait inintéressant. Pour commencer, il m'avait fallu refaire 80 km vers le nord par la meme route par laquelle j'etais arrive a Phnom Penh 2 semaines plus tot. En effet, la configuration du Cambodge central, vaste cuvette inondee entre le grand lac Tonle Sap et le fleuve Mekong limite beaucoup les options d'itineraires. On peut compter les ponts sur les doigts d'une main dans le pays ! Passe les zones inondees, la suite ne fut que succession de rizieres avec des habitations massees presque en continu de part et d'autre de la route. Rien de bien passionant en somme, penible meme car j'etais la principale attraction tout du long et n'avais presque jamais l'opportunite d'etre tranquille. Impossible de s'arreter plus de quelques secondes sans avoir perpétuellement plusieurs pots de colle agglutines autour de moi. Naturelement je faisais l'objet en continu d'innombrables "hellos" de presque l'integralite des personnes croisees sur ma route. Je vous garantis que se faire hurler dessus, meme amicalement, du matin au soir jour apres jour est particulièrement deplaisant, c'est vraiment oppressant. D'ailleurs je suis desormais devenu allergique depuis a ce mot (comme au klaxon de voiture depuis la Chine), si quelqu'un me sort un hello un peu trop appuye ca me fait le meme effet  qu'une insulte ! Les cambodgiens etaient des gens sympathiques et souriants et je concevais bien que ca leur faisait plaisir de rencontrer un grand barbu qui passait par chez eux avec son velo surcharge et grincant ... mais faire l'objet en permanence d'autant de sollicitations et de la curiosite insistante devenait invivable.

La nuit je n'etais pas plus tranquille car je ne pouvais pas me planquer. Dans ces contrees a rizieres trouver un emplacement pour le bivouac etait une vraie gageure: il me fallait souvent pedaler 15 a 20 km avant de trouver une opportunite, un endroit sec suffisement eloigne de la route. Il y avait quelques fois des paturages mais les premieres habitations etaient rarement tres loin. Ma premiere nuit je faisais a nouveau les frais de ce  deficit de discretion. Je parvenais pourtant a debusquer un champs entoure d'arbres a plus de 500m de la route et j'etais plutot confiant. Malheureusement un type passait tout pres a moto pendant que je dechargeais le velo ... 10 mn plus tard j'avais deja 10 curieux autour de moi et le nombre augmentait a mesure que montais ma tente. A la tombee de la nuit tout ce petit monde se dispersait et j'avais enfin la paix. Mais pour quelques temps seulement, la suite je la connaissais pour l'avoir deja experimente auparavant 4 fois dans les regions a rizieres du Cambodge central: vers 20h plusieurs types se pointerent avec des lampes torches. Vraisemblablement des chefs familles rentres tardivement de leur travail et qui avaient naturellement eu vent de la presence de l'occidental qui campait pas loin. Aucun ne parlait anglais ni francais mais ils tenaient a tout prix a me faire la conversation ! Cela dit j'avais deja une idee de ce qu'ils avaient a me dire: "ici c'est dangereux, viens chez moi (moyennant 5$) ou casse-toi a la pagode la plus proche! ". J'essayais de leur faire comprendre que j'etais tres bien la ou j'etais et que je desirais dormir car j'etais tres fatigue. Enfin devant leur insistance je finissais par hausser le ton pour les faire decamper. Et ils partaient. Mais 1h plus tard les memes revenaient avec un flic qui me faisait explicitement signe de degager, sur de son autorite. Je lui faisais comprendre a mon tour qu'il etait hors de question que je bouge mais avec un petit peu plus de diplomatie (j'avais un sachet de beu dans le sac, faut pas deconner non plus !). Ca tergiversait pendant 15 mn avant qu'un interprete anglophone se pointe, en l'occurence un jeune bonze ce soir la, qui me repetait en substance le barratin sur le danger, la barraque a machin ou la pagode. A partir de la tout s'arrangeait car je pouvais reciter la formule magique qui avait deja fait ses preuves en Iran, au Xinjiang chinois et les autres fois au Cambodge aussi: "Je fais un tour du monde depuis plusieurs annees deja et je dors dehors tout les soirs, je ne crains pas de le faire ici pas plus qu'ailleurs. Surtout que maintenant que la police sais que je suis ici, plus rien ne peut m'arriver desormais !". Apres tout ce cinema j'avais enfin la paix vers 22h ... Le matin, il me fallait absolument me lever avant 5h du matin pour aller me vider les boyaux car au lever du jour quelques minutes plus tard j'avais deja un "public" de 20 personnes de constitue ! Ce matin la j'avais battu mon "record d'audience" car j'avais compte 38 personnes autour de moi pendant que je demontais la tente ! Ca me faisait presque regretter l'epoque ou je traversais le Xinjiang avec les ouighours hyper pots de colle car la bas je pouvais au moins me planquer et puis aucun risque de me faire hurler "hello" dessus a tour de bras comme c'etait le cas ici ! Traverser ces plaines c'etait vraiment l'enfer, avec le recul je me disais que j'aurais du faire le grand detour plus au nord dans l'arriere pays. Les routes y etaient sans doute en moins bon etat et les forets pleines de mines anti personelles et de moustiques a palu mais les villageois y etaient moins nombreux et surtout bien moins chiants. Le lendemain je tentais directement le coup dans une pagode. Je demandais a placer ma tente dans l'enceinte et il faut reconnaitre que ma nuit fut bien moins agitee. J'avais toujours autant de public car tout les moinillons, des garcons de 10 a 14 ans ne me lachaient pas d'une semelle et question calme ce n'etait pas l'ideal non plus car toute la congregation chantait et recitait leurs prieres jusque tard dans la soiree et remettait ca vers 4h du matin ! Mais pas de flics et puis quand ils fesaient leurs offices religieux, j'avais personne autour de ma tente. Autre avantage des pagodes, on peut prendre une douche (en calecon) a la fontaine et il y a des sanitaires. Apres reflexion ca doit etre sans doute la meilleure option pour passer les nuits dans les secteurs a rizieres. Par contre il faut choisir les pagodes pour bonzes exclusivement car dans la plupart des cas les ecoles primaires de village sont couplees a des monasteres boudhistes et l'endroit est envahi de gamin des 5h3o du matin !

Arrive a Siem Reap, Vincent, le couchsurfeur francais qui m'hebergeait m'informait qu'il y avait en ville une association qui recensait toutes les offres de volontariat des ONG du coin et que pas mal de personnes de passage y avaient trouve des postes. Je m'y rendais donc le lendemain et je tombais sur une offre d'une association allemande qui gerait un sanctuaire pour animaux en voie de disparition a 50 km au nord de Siem Reap dans l'arriere pays. A vrai dire c'etait la seule offre ou il etait question d'hebergement gratuit ! Je partais me rendre sur place a velo pour proposer ma candidature spontanément. En chemin je faisais la route avec le balet incessant des cars de touristes et des tuk-tuks convoyant les "independants" bardes d'appareils photo. Les differents sites d'Angkor sont disperses un peu partout dans un rayon de 100 km autour de Siem Reap et meme si l'immense majorite des touristes sont concentres sur Angkor Wat les temples eloignes sont tres frequentes. En arrivant au centre, j'apprenais que les responsables etaient partis au Vietnam pour ramener des animaux et qu'ils ne rentraient que dans 2 jours. Je visitais la place mais je n'avais aucune garantie d'embauche. Le soir meme je restais dans les environs de Kbal Spean et passais la nuit dans un abri agricole a l'ecart de la route entre 2 champs de mines antipersonnel (le secteur en question avait longtemps ete un repaire de khmers rouge par le passe). De retour a Siem Reap, je me decidais a visiter les temples d'Angkor, decision o combien difficile car tres couteuse: 20$ pour acceder aux sites l'espace d'une journee ! A vrai dire tout les temples sont gardes par des types qui controlent les tickets et la fraude est pratiquement impossible. C'etait d'autant plus detestable que l'immense majorite des sommes colossales de pognon que generait la billeterie des temples d'Angkor ne profitait pas aux cambodgiens. A ce qu'on m'a explique, les benefices, hors frais d'entretien et couts salariaux, partaient dans les caisses d'un conglomerat chinois qui gerait la place, un pourcentage etait alloue au gouvernement du Cambodge mais la corruption generalisee reduisait comme peau de chagrin cette manne financiere. Mais apres avoir loupe la grande muraille de Chine, ca aurait ete con de faire l'impasse sur un patrimoine de l'humanite aussi inestimable qu'Angkor. Je ravalais mon orgeuil et me retrouvais un matin a faire la queue avec la cohorte de touristes bedonnants pour acheter ce foutu billet.

Je visitais le maximum de sites avec mon velo dans la journee et j'arrivais heureusement a prendre des photos avec mon appareil photo en panne. En fait j'avais trouve une technique pour sortir l'objectif telescopique refractaire grace a ma pince multi-prise. Ca prennait un peu de temps a chaque fois et je passais la journee avec la pince a la main mais au moins ca fonctionnait. La visite en soit fut comme je le craignais un peu decevante: trop de monde evidemment et puis les sites avaient l'air bien trop aseptises a mon gout, avec ces pelouses dignes de terrains de golf et toutes ces petites constructions en bois dans les temples pour faciliter la visite du plus grand nombre. Angkor Wat, le plus prestigieux des sites, fut particulierement atroce a visiter avec des hordes "d'allemands en short" et les groupes compacts de touristes chinois de partout, sans parler des embouteillages interminables dans les escaliers avec tout les petits vieux essouffles apres 3 marches ! Par la suite ce fut d'avantage plaisant car les autres temples etaient d'avantage disperses et il y avait bien moins de monde. De maniere generale, Angkor est surout bonde de monde le matin, peu avant midi tout les touristes qui voyagent en tour operator partent bouffer au restaurant et peu reviennent affronter la fournaise en debut d'apres midi. Les ruines dans la foret ou envahies par la vegetation avaient nettement plus de caractere et avec les bruits et les odeurs de la jungle le charme fonctionnait. A Siem Reap je contactais par telephone le boss du centre pour animaux: je ne pouvais pas travailler avec les bestiaux car il fallait des qualifications particulieres et en raison d'un probleme d'assurance mais par contre il me proposait un job de peintre. J'acceptais l'offre (quand bien meme je m'y connaissais guere plus en matiere de peinture !) d'autant plus facilement qu'il me garantissait le pret d'un ordinateur portable pour que je puisse travailler sur mes textes. Cerise sur le gateau, il m'offrait le remboursement de mon extension de visa cambodgien, 50$ tout de meme !

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