Tranquille !

ma traversee de la partie sud de la Thailande, de Bangkok a la frontiere avec la Malaisie - Thailande part 3 Bangkok - Weng Prachan 27.01 - 13.02.2011


Je ne m'eternisais pas a Bangkok. Juste le temps de publier des textes et des photos sur le site internet et de racheter un peu de materiel (lampe frontale et drap de soie). Le cout de la vie etait particulierement eleve dans la capitale et je n'avais vraiment envie d'y passer du temps. La ville n'avait pas specialement d'attraits, juste une grande metropole avec ses grandes tours moches, ses immenses centres commerciaux et ses rues particulierement chiantes a aborder a velo. Et puis il y avait bien trop de touristes. La saison touristique battait son plein et la ville grouillait d'occidentaux en short notament dans les "ghettos a blancs" du centre. Par moment j'avais l'impression d'etre dans des quartiers "branche" de villes europeennes en periode estivale ! Etant un citadin d'origine, et parisien de surccroit, j'aime pourtant les grandes villes mais a Bangkok le charme ne fonctionnait pas. Bref je ne me sentais pas a ma place et decidais de mettre les voiles vers le sud du pays. Il me restait un peu d'un mois de visa et j'avais largement le temps de rejoindre la Malaisie. Il n'etait pas question de me presser donc. Le premier jour pourtant je parcourais plus de 120km pour sortir de l'immense plaine de la capitale ou se succedaient agglomerations, zones industrielles et rizieres innondees. Le soir meme, j'appercevais les premiers reliefs a l'ouest et la mer au sud est: j'etais desormais en zone rurale ou il n'etait plus question de rizieres mais de plantations d'arbres, les "vacances" pouvaient (re)commencer.

Je vais etre franc: ces 3 semaines de traversee du sud de la Thailande n'avaient rien en commun avec la grande epopee de l'Asie centrale ou de la Chine. Tout s'est bien passe sans aucun probleme, tranquille pepere ... presque trop, ca en devenait chiant a la longue ! J'avais du temps, la route n'etait pas bien difficile et il etait tres facile de se planquer pour bivouaquer (et de toutes facons, les rares fois ou ce ne fut pas le cas on m'a toujours foutu une paix royale). Seul petit detail d'importance, il n'etait plus question de saison seche passe les 5 premiers jours. Depuis Bangkok, je n'utilisais plus le duvet car les nuits n'etaient plus aussi fraiches que dans le nord du pays et les nuages refaisaient leur apparition regulierement. Mais des lors que j'ai passe la partie la plus etroite de la peninsule (plus ou moins la ou se termine la partie sud de la Birmanie/Myanmar) j'ai commence a appercevoir de grosses flaques d'eau au bord de la route. Et le 1er fevrier exactement, je connaissais ma premiere journee sous la pluie, chose que je n'avais plus connue depuis mon arrivee a Siem Reap au Cambodge 2 mois auparavant. La principale consequence fut que je dus resortir la tente pour passer les nuits ... et y suer abondement avant d'avoir un peu de fraicheur passe minuit. Il ne pleuvait pas tout les soirs, loin de la, mais il m'etait impossible de prevoir comment le ciel allait tourner. Dans le doute je montais la tente systematiquement et les quelques orages nocturnes qui me sont tombes dessus me confortaient dans ce choix. Pour limiter la casse, je suis passe sur la cote ouest, cote mer d'Andamane, reputee moins humide. Au moins je n'ai plus connu de journee entieres a pedaler sous la flotte, meme si desormais l'atmosphere etait lourde et chargee d'hummidite. Hormis cet inconvenient, mes journees se deroullaient tranquillement. Il y avait bien de temps en temps quelques clebards qui me prennaient en chasse mais ils allaient rarement jusqu'a tenter de me mordre (il faur dire qu'en Asie du sud est les chiens sont pas biens grands) Au moins ca m'aura permis de perfectionner le coup de pompe dans la gueule du pied gauche (bin oui, on roulle a gauche en Thailande). Sinon la journee typique etait la suivante: je partais tot le matin pour beneficier de la fraicheur, je pedalais sans forcer l'allure la journee avant de m'arreter dans l'apres-midi quand j'en avais marre ou si je trouvais un bon spot pour passer la nuit. La derniere heure precedent l'arret, je faisais le plein de mes bouteilles en allant piquer de l'eau de pluie quelque part. 12 bons litres, 2 ou 3 a boire pendant la nuit meme, 6 L minimum de boisson pour le lendemain et le reste pour une douche avant de me coucher. Je passais une bonne heure chaque soir a filtrer l'eau potable en transpirant comme un damne pendant l'operation avant de pouvoir me raffraichir avec une douche ... et de retranspirer massivement dans une tente fermee a cause de l'invasion perpetuelle des maudits moustiques. En regle generale, quand je campais dans un endroit arbore la place etait deja infestee par les moustiques de jour, les Aedes ou les tigres a rayures avant que les inevitables Anopheles ne prennent le relais au crepuscule. Il m'arrivait quelquefois de bivouaquer dans des espaces secs et totalement depourvus de moustiques de jour, mais quoi qu'il arrive les moustiques de nuit faisaient toujours leur apparition a la tombee de la nuit, et j'avais droit a la douce melodie d'une bonne vingtaine de ces parasites affames qui butaient sur la toile moustiquaire de l'habitacle de ma tente.
Pour bivouaquer, j'avais l'embarras du choix chaque soir avec les plantations agricoles d'arbres. Par contre, j'ai vite appris a ne choisir que les plantations d'hevea (arbres a caoutchouc) qu'en dernier recours car les pequenauds attaquaient le boulot systematiquement vers 3 ou 4h du matin pour saigner leurs arbres. Meme s'ils ne venaient jamais me deranger c'etait chiant de se faire reveiller de si bonne heure ! Le top c'etait les palmeraies. A ne pas confondre avec les palmiers a noix de coco (ceux la vaut mieux pas dormir dessous car une noix de 2 ou 3 kg qui chute de 10m ca fait mal !), ces arbres fournissent des enormes grappes de petites noix qui servent pour faire l'huile de palme, utilisee massivement dans l'industrie agro-alimentaire (tres mauvaise pour le cholesterol soit dit en passant). Ces palmiers-la depassent rarement 5m de haut et ont de grandes branches en rameaux qui retombent sur le sol: en gros c'est hyper ombrage, plutot discret malgre l'alignement des arbres grace aux reseaux de branches et le sol sablonneux est parfait contre le ravinement en cas de pluie.

En suivant la cote ouest, la route etait bien moins plate que cote golfe de Thailande. Il n'etait plus question que de successions de montees et descentes, pas bien raides cela dit. Meme si la Thailande n'etait pas bien large dans la partie sud du pays, les montagnes etaient bien presentes. Globalement les paysages etaient plutot agreables avec ces lignes de cretes escarpees recouvertes de foret vierge meme si des que les reliefs etaient moins prononces, les exploitation agricoles d'heveas et de palmes prennaient le relais. Ca me faisait penser au Xichuanbana tout au sud du Yunan chinois. Dans la region a l'est de Phuket les massifs etaient particulierement esthetiques avec ces immenses blocs monolithiques aux parois verticales avec de la jungle dessus. Cote littoral, les lieux presentaient bien d'interet pour moi car trustes par les infrastructures touristiques. Combien de fois je me suis ravise d'emprunter une petite route de bord de mer a la simple lecture de pancartes: complexes hoteliers 5 etoiles, golfs, residences touristiques ... etc. Je ne suis pas un mordu de la baignade en mer (il faut rincer le sel et c'est rarement possible apres coup) donc je choisissais de ne pas "profiter" de la Riviera thai. Traverser les secteurs a "blancs" au nord et a l'est de Phuket n'avait rien de plaisant: les prix etaient plus eleves en general (le pire c'etait les internet cafe jusqu'a 5 fois plus cher que la normale) et les plantations etaient moins rependues pour mes squatts nocturnes. A mesure que je progressais vers le sud, la chaleur augmentait regulierement et il m'etait de plus en plus facile de freiner l'allure. En debut d'apres-midi la fournaise s'installait et pedaler sous le cagnard devenait reellement penible. Je n'avais encore jamais connu ca, pas meme au sud Laos et au Cambodge. Curieusement, ca me rappelait la canicule vecue lors du passage dans la plaine du Po dans le nord de l'Italie en juin 2008 ! Entre 14h et 16h c'etait la periode la plus atroce et je me debrouillais pour que la pause casse-croute tombe a ce moment. Lorsque je passais par une ville j'en profitais aussi pour faire de longues courses dans les grands hypermarches climatises a ce moment de la journee. L'avantage en Thailande, c'est que l'on peut laisser le velo avec les sacs dessus dehors sans meme l'attacher car il n'y a aucun risque de se faire piquer quoi que ce soit (bon, peut etre pas a Bangkok): a force de voir des gens garer leurs bagnoles en laissant les cles sur le contact ou d'autres laisser leur bagages dehors sans surveillance j'avais fini par prendre le pas. En entrant dans l'extreme sud du pays je penetrais une "zone a risque" selon les autorites car peuplee majoritairement de musulmans secessionistes. Je n'ai pas vraiment constate de difference en ce qui me concernait meme si la partie ouest etait reputee plus calme. J'avais deja traverse un secteur peuple de thais musulmans 200km au nord de Phuket et en dehors des femmes avec un voile sur la tete et de la presence des mosquees, rien ne change ou presque. A part peut etre le retour en force des "hellos" lances par les clampins croises tout au long de ma route: j'en etais rendu a un bon millier par jour, ca je m'en serait bien passe volontier ! Le 12 fevrier je passais ma derniere nuit en Thailande, a une dizaine de km environ avant la frontiere avec la Malaisie. Le lendemain matin j'entrais dans le pays voisin par le petit poste frontiere de Wang Prachang paume au milieu des montagnes. Pour la premiere fois depuis la Georgie, 15 mois, 10 pays et quelque chose comme 17000 km plus tot sans avoir besoin d'un visa sur le passeport !

Je ne peux resister a vous raconter une petite anecdote cocasse, c'est bien la seule en 3 semaines soit dit en passant !
Un soir, alors que j'etais dans le secteur entre Phuket et Klang, je ne sais plus exactement, j'en etais rendu a l'etape du remplissage de mes bouteilles. Je cherchais la maison inhabitee ou je pouvais prelever dans les cuves a eau de pluie pour faire le plein. Je pouvais m'arreter a n'importe quelle barraque et demander mais j'ai toujours eu horreur de mendier quelquechose quand j'ai la liberte de proceder autrement. Je reperais la cible voulue: une maison volets clots, porte cadenassee, herbe haute dans le jardin et cuves a eau de pluie sur le cote. Je m'arretais et rappliquais avec mes bouteilles. Tandis que je remplissais la premiere, un type de 25 piges environ garait son scooter pres de la barraque et se pointait au niveau d'une remise a une dizaine de metres. Un emmerdeur ? Je le regardais brievement et l'appercevais qui ouvrait sa braguette ... il aurait pu choisir un autre endroit pour pisser celui-la, m'enfin passons, j'avais d'autres chats a fouetter. A la troisieme bouteille je l'entendais gemir et me retournais: il etait en train de se branler l'animal, et me faisait des grands signes de surccroit ! Allons bon v'la autre chose ! Je savais que la Thailande etait un pays tres libre sur le plan sexuel, depuis le temps que je croisais des travelos (ou ladyboys si vous preferez), et souvent accompagne(e)s d'occidentaux ... je presumais qu'il etait inutile de s'ennerver, tout le monde peut se tromper apres tout ! Je me contentais de lui lancer un regard glacial en lui faisant explicitement comprendre par geste: "degage de la connard, je ne mange pas de ce pain la !". Puis je retournais a mes bouteilles, j'avais des priorites apres tout. Tandis que je retournais a mon velo, je l'appercevais qui continuait a s'astiquer planque derriere un pilier de la remise. Grand bien lui fasse, de toutes facons je me casse !
Mission suivante: trouver un spot pour passer la nuit. Le secteur etait tres agricole et il y avait pas mal de palmeraies, donc le boulot etait plutot facile. Il me fallait juste en selectionner une assez grande pour m'eloigner suffisament de la route et des habitations et de leurs maudits clebards. Puis je me rendais compte qu'on me suivait car j'entendais depuis un moment le vrombissement d'un scooter au ralenti derriere moi: c'etait le branleur qui me suivait tranquillement avec une main dans e slip ! Ah putain, mais la pas moyen d'aller planter ma tente et encore moins de prendre une douche a poil si l'autre tordu me suivait ! Il me fallait agir vite et discretement tant qu'a faire car il ne me restait a peine 1h de jour devant moi. J'envisageais de m'arreter a une autre barraque isolee pour qu'il me suive et lui foutre la trouille avec ma lame et/ou lui crever un pneu de son scooter avant de filer ... mais finalement une meilleure option se presentait devant moi. Comme regulierement sur les routes thais, il y avait une guitoune de police avec un flic qui faisait le planton devant. Je m'arretais juste devant le flic sans descendre du velo, le branleur, lui m'avait depasse et s'etait arrete une centaine de metres plus loin en jettant des coups d'oeils nerveusement derriere l'air de rien. J'appelais le flic et lui demandais (en anglais simplifie): "c'est bien la direction de Klang (la prochaine grande ville) par la ?" en tendant le bras devant moi et en prennant soin de montrer du doigt l'autre connard et son scooter. A peine avais-je fini ma phrase que le branleur demmarrait en trombe sa becanne (des 2 mains) pour mettre les voiles ! Bon debarras ! 20 mn plus tard, je montais tranquilement ma tente dans une palmeraie du coin avant la tombee de la nuit l'esprit tranquille. J'imaginais que l'autre gland allait devoir transiter dans le coin avec une casquette et des lunettes de soleil sans savoir que je ne l'avais jamais balance ! Tant pis pour lui, fallait pas faire chier le vagabond sans abri !
Billet précédent :
Dengue ou Malaria ?

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