La formidable vallee de Romit

ma petite escapade dans cette vallee paradisiaque, Tadjikistan part 2 Dushambe -> Obigarm 27/04 -> 03/05/2010

A peine 15 bornes apres Dushambe commencait la vallee de Romit. Je quittais enfin l’axe principal pour gagner ce qui n’etait qu’une vaste plaine agricole mais j’appercevais deja a moins de 10km la gorge d’ou provenait la riviere. En fait de riviere il s'agissait plutot d'un enorme torrent car en cette fin avril la fonte des neiges des immenses massifs du Tadjikistan avait vraisemblablement demultiplie le debit du cours d'eau. La premiere partie de la vallee jusqu'au village de Romitetait charmante mais pas completement sauvage: la route etait asphaltee et les moindres zones plates a proximite de la riviere etaient occupees par des restorants ou des pensions frequentes par les riches citoyens de la capitale. Il suffisait neanmoins de grimper un peu a chaque ravine pour retrouver une nature intacte et la tranquilite.

Passe Romit, la zone protegee prenait tout son sens, il y avait certes encore quelques villages espaces de 5 a 10km mais desormais pour les relier il n'y avait plus qu'une piste toute defoncee. Dans cette vallee, les habitants ne pratiquaient pas l'elevage ni l'agriculture intensive, l'activite se bornait a cultiver un lopin de terre pres de la maison avec tout au plus une poignee de vaches qui broutaient pres du torrent. Pas d'elevage et donc pas de surpaturage: la nature reprend ses droits. Toute une magnifique vallee boisee de part et d'autre d'un torrent bleu ciel, ca fesait longtemps que je n'avais plus eu le privilege de voir un tel spectacle, en Georgie precisement. N'etant pas particulierement presse avec mon visa plutot large, j'ai pour ainsi dire pris des vacances dans cette vallee en ne machant que des demi journees, d'autant plus que le beau temps etait au rendez vous. J'ai pu prendre quotidiennement, voire 2 fois par jour des douches sous les innombrables cascades d'eau fraiche devalant des ravines sans courir le risque de voir rappliquer un berger et ses biquettes. J'ai pu egalement emprunter les sentiers aeriens sur le versant oppose de la riviere apres avoir traverse des ponts branlants qui semblaient dater d'un autre age.

D'ailleurs je me demande si les gens du coin n'ont pas des ailes ou bien sont des acrobates accomplis tellement ces sentiers sont casse-gueules, j'ai bien cru devaler a plusieurs reprises direction le torrent ! Une bien belle vallee qui n'est mentionnee nulle part comme dans le guide du Lonely Planet par exemple bien que proche de la capitale. Sans doute parcequ'elle ne mene nulle part ou vers les immenses pics de plus de 4000m proche de la frontiere kirghize. Pour en sortir et reprendre mon itineraire principal dans le pays il m'aura fallu franchir 2 cols a 2500 et 2700m direction Obigarm.

Pour une fin avril c'etait encore un peu juste mais au Tadjikistan la fonte des neiges commence plus tot avec les pluies torrentielles printannieres. En parlant de pluie, l'espece de malediction qui me poursuivait des que j'abordais des reliefs s'etait a nouveau manifestee: ce fut d'abord un tres longue nuit d'orage la veille de ma premiere ascension puis de la pluie persistante en continu toute la journee jusqu'en soiree. Une configuration meteo qui allait s'installer pour toute la semaine a venir d'ailleurs. Avril-mai est definitivement la saison des pluies au Tadjikistan ! Les 2 jours d'ascension me donnerent l'occasion d'apprecier la beaute des paysages d'altitude et de faire quelques rencontres interessantes. Ce fut d'abord dans la premiere partie de la montee du 1er col, ou le fils aine d'une famille de villageois, de passage pour recolter la rhubarbe sauvage, me guida a travers le dedale de chemins forrestiers.

Puis le meme soir, tandis que j'avais trouve une cabane pour y passer la nuit, j'allais cohabiter avec un petit groupe de chasseurs d'ours lourdement armes. Une soiree bien sympathique, d'autant plus qu'ils me firent partager leur repas au moment meme ou mes provisions se rarefiaient au point que je ne faisais qu'un repas par jour. Je ne saurais pas s'ils ont reussi a buter un ours, mais en tout cas j'allais fortement apprecier le lendemain matin les magnifiques traces de la brave bete dans la neige encore gelee. Ca m'avait grandement facilite l'ascension du 2eme col ! Questions animaux, je n'avais pas rencontre de loup ou d'ours dans la vallee mais une quantite impressionnante de rapaces majestueux et surtout pas mal de serpents de gabarits et de formes plutot inquietantes: oublie les viperes et les couleuvres, ceux que j'ai rencontre boxaient dans une autre categorie ! La redescente vers Obigarm s'avera de suite moins passionnante car j'etais de retour dans les immenses paturages ou les moutons et les chevres s'evertuaient a bouffer tout ce qui depasse du sol. Adieu la foret !

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