Polis, Polis !

mes derniers jours en Ouzbekistan et mes tribulations avec les flics, Ouzbekistan cinquieme partie  Ak-Kapchigay -> Sufion 16/04 -> 22/04/2010

Derniere ligne droite avant le Tadjikistan, je dois remonter une large vallee qui mene a la frontiere au nord-est. En fait il me faut avancer le plus lentement possible car j’ai une distance plutot courte a realiser pour le temps qu’il me reste en Ouzbekistan. Si j’arrive trop tot a la frontiere, je devrais quoi qu’il arrive attendre le jour d’entree indique sur mon visa tadjik. La faute donc a ces foutus visas aux dates fixes: j’ai fait en sorte que chaque jour d’entree de mes visas d’Asie centrale correspondent a la date de sortie du precedent histoire de ne perdre aucun jour. Je devais donc avancer avec le frein a main et faire de tres longs breaks. En meme temps, il faisait une chaleur a crever donc ca tombait pas trop mal pour trainer un peu. Les journees etaient peut etre tranquilles mais le soir par contre il fallait trouver un coin pour pioncer et ca devenait souvent complique. La vallee n’etait que succession de champs et de villages et pour etre sur d’avoir la paix il me fallait faire quelques km vers les premieres pentes car partout les agriculteurs jouaient de la pioche avec femme et enfants. Un soir j’irais tenter ma chance aupres de 2 types pour mettre ma tente sur un terrain arbore entre 2 champs. Le plus vieux me regardait d’un air suspicieux et ne cessait de reclamer mon passeport tandis que l’autre voulait a tout prix toucher a tout mon materiel apparent (boussole, appareil photo, ac a dos … etc) … mauvaise pioche ! Je m’appretais a repartir mais ils ne me lachaient plus. Pour la premiere fois a ma connaissance je perdais mon calme et les envoyais chier en leur disant que mon passeport n’etait pas un journal et qu’ils commencaient serieusement a m’emmerder puis je partais pour de bon. Un peu plus loin, ce fut le scenario inverse: un type tout sourire m’appelait pour m’inviter chez lui a manger un morceau. Il m’expliqua qu’il avait travaille quelques annees en Coree du Sud et qu’il parlait coreen couramment, pas commun ca ! Cependant, 1 heure plus tard, tandis que nous etions a table, les flics firent leur apparition dans la maison. A en juger par la mine decomposee que faisait mon hote je me doutais bien que ce n’etait pas lui qui les avait appele. En fait je penchais plutot pour les 2 connards rencontres auparavant. J’en avais la certitude quand le plus jeune des 2 rappliquait 15 mn plus tard pour contempler son forfait. Il essaya de justifier sa demarche aupres de son voisin en indiquant ma barbe: “terrorist” … mais quel boulet ! Ca fesait un moment qu’on ne m’avait plus balance aux flics, depuis l’Azerbaidjan en fait 4 mois plus tot.

Dans la foulee les flics me conduisirent a un poste a 2 km de la pour un soit disant controle de routine. Ca ne faisait pas du tout mes affaires: me retrouver a la tombee de la nuit dans un commissariat, dans un pays ou les flics sont notoirement corrompus et avec un enorme deficit d’enregistrement a l’OVIR, c’etait plutot tendu ! Finalement, passe les controles d’identite et cie, tout se passera au poil. Le commandant etait un petit gros gentil et par l’intermediaire d’un interprete anglophone au telephone on m’expliquait qu’il n’y avait pas de problemes, que je pouvais passer la nuit au commissariat si je voulait, qu’on ne me volera rien, qu’on ne me brutalisera pas, qu’on personne ne tentera de me demander du fric … etc. Eh beh, si c’etait pas de la consigne officielle ca ! Apres une bonne douche j’allais pioncer dans le petit tribunal  a l’interieur du poste de police, rassure d’avoir evite le pire. Le lendemain matin, tandis que je venais de quitter le commissariat depuis moins d’une heure et que j’etais encore sur une petite route defoncee, une voiture s’arretait a ma hauteur: “police!” qu’on me dit. Allons bon ! La police encore, mais pas les memes que la veille. Ils sont 3 dans la bagnole mais un seul porte l’uniforme. Ils insistaient pour que je monte dedans pour faire une “registratsia” a Denau, la ville situee a pres de 15km au nord. Bordel de merde, c’etait l’OVIR, j’en etais persuade ! Forcement les flics de la veille avaient du avertir leur hierarchie qu’un francais marchait dans le secteur et l’OVIR avait fini par en etre informe. Pour le coup je m’ennervais et je leur baragouinais que je n’allais pas faire de controle tout les jours et puis que de toutes facons je ne voyagais qu’a pied, hors de question de me faire monter dans leur bagnole ! On me passait une interprete anglophone pas tres douee au telephone et au terme de 20 mn de palabres on arrivait a un compromis: j’allais me rendre a leur foutu controle mais a pieds. Pendant pres de 3h je marchais sur la route (sans forcer, avec des pauses pour bouffer) jusqu’a Denau avec la bagnole de flics qui roullait au pas derriere moi ! Au moins ca me laissait le temps de gamberger pour preparer ma defense. Arrive a Denau, je me rendis a un autre commissariat plus grand, celui dont dependaient tout les postes de la province. Manifestement on m’attendait depuis un bout de temps mais mon “escorte” allais se charger d’expliquer aux grades presents que je faisais bien un tour du monde a pied et qu’ils en avaient eu la preuve sur pres de 15km … etc. Tout le monde avait l’air meduse, mais depuis le temps que je voyageais je n’avais jamais vu un flic faire plus de 100m sans bagnole …A final, la non plus rien de bien grave non plus. Juste un enieme controle de passeport et un petit interrogatoire digne de journaliste avec un prof de francais du coin comme interprete. Pas d’OVIR, juste une “rgistration” a l’ancienne. Ils en font a toutes les sauces en Asie centrale, leurs archives doivent crouler de cahiers d’enregistrements de toute sorte. Tout le monde avait l’air de ne rien trouver a redire sur le fait que je dorme tout les soirs avec ma tente, l’OVIR ce n’etait pas leur probleme manifestement. Je me demande s’il n’y a vraiment qu’a Tashkent ou dans quelques grandes villes qu’il y a des risques de se faire prendre car dans l’arriere pays tout le monde s’en cogne !

Pour la petite histoire, je passais la nuit a Denau dans un appartement de flics ! En sortant du commissariat je croisais a nouveau la bagnole de mes anges gardiens du matin dans la rue, et le chef (habille en civil), insista pour que je reste chez lui pour la soiree. J’acceptais d’autant plus facilement que le boss du commissariat m’avait donne sa benediction un peu plus tot, rien a craindre donc. Les flics ouzbeques etaient bien remontes dans mon estime depuis ! Avant de rejoindre l’appart j’aurais eu droit a un remake des “Ripoux” dans un magazin de la ville: alors que je faisais des courses pour les jours suivants, les flics rajouterent de la vodka, des gateaux apero, de la biere et des cigarettes dans mon cabas et me declarerent que tout etait gratuit pour moi, c’etait le commercant qui regalait ! Une experience de plus dans mon voyage assurement ! Autre experience egalement, ma premiere nuit dans un “
khroutchovka”, sorte de HLM construit partout dans l’ex-union sovietique dans les annees 60, repute pour la minceur de ses murs et cloisons. C’est limite si on entendait les voisins mastiquer leur diner aussi ! Une bonne soiree somme toute, a picoler (pas trop non plus car je restais mefiant malgre tout), a regarder du foot a la tv et a rencontrer toutes les jolies voisines qui voulaient a tout prix voir le “francais”. Les jours suivants furent bien plus calmes en comparaison. Il me restait 3 jours pour effectuer 50 km et j’allais passer le plus clair de mon temps a me planquer: j’avais vu assez d’uniformes a mon gout ! Au progrmme, 2 ou 3 h de marche journalieres avant de reperer un endroit discret. J’y passais le restant de la journee a ecrire avant de monter la tente a la tombee de la nuit seulement.

Je franchissais la frontiere le 22 avril au matin sans le moindre controle des enregistrements de l’Ovir malgre une attente interminable de 2h a cause de l’affluence et de leur foutues fiches de declarations de devises (pres de 5 mn par personne). Cote Tadjik, un tampon sur le passeport et une bonne vielle registration a l’ancienne et basta !

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premiers reliefs apres le desert

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