premiers reliefs apres le desert

la traversee du massif au sud de l'Ouzbekistan, Ouzbekistan quatrieme partie Qarshi -> Ak-Kapchigay 10/04 -> 16/04/2010

Apres une nouvelle nuit en train pour pour regagner Qarshi, plus confortable cette fois ci car il y avait bien moins de monde, je repartais de bon matin vers l’est. Toujours pres de la voie ferree pour avoir la paix, du moins jusqu’a Guzar 50 km plus loin. Pour feter ma reprise j’ai eu droit a deux jours de pluies diluviennes avec des orages tres violents en prime. Au soir du 2eme jour j’etais integralement trempe comme presque tout le contenu de mon sac (le duvet a ete epargne, c’etait pratiquement l’essentiel), dure reprise.

Passe Guzar, j’attaquais le massif montagneux qui marquait la fin du desert. C’etait essentielement de la moyenne montagne couverte de paturages mais le deluge des derniers jours avait transforme les sols en bourbier de bout en bout. Meme dans ces secteurs montagneux il n'y avait aucune foret et le ravinement etait par consequent intense. Pas moyen d’evoluer dans la boue car je m’enfoncais regulierement jusqu’au dessus de la cheville, je n’avais d’autre choix que de suivre la route. Le principal probleme quand on marche, en dehors du fait qu’il y a plein de bagnoles, c’est que l’on s’expose a des journees de “village perpetuel”. En gros, comme toutes les habitations sont alignees le long de la route les villages se succedent les uns apres les autres bien souvent sans interruption. J’avais deja eu ce genre d’experience en Azerbaidjan et en Iran et le moins que l’on puisse dire est que j’en avais pas vraiment conserve un bon souvenir. La premiere chose c’est que l’on est constament observe. Forcement, un occidental qui se deplace a pied avec un grand sac a dos, il en passe pas tout les jours, pour ne pas dire jamais. C’est vachement pratique pour aller pisser ou tout simplement se gratter les couilles ! Ensuite il y a pour ainsi dire toute les 2mn, un ou plusieurs types qui vous sautent dessus pour vous poser exactement les memes questions que le precedent. Ca devient tres vite hyper chiant … A ce propos j’avais constate que les “questionneurs” relous etaient toujours dans un lieu public ou loin de chez eux tandis que ceux que je croisais devant leur maison se contentaient de me regarder silencieusement: je commencais a me demander s’ils n’avaient pas peur de se sentir obliges de me faire entrer chez eux s’ils m’adressaient la parole ! Enfin il y a toujours les automobilistes qui se sentent obliges de klaxonner et les minibus ou les taxis collectifs de s’arreter constament a ma hauteur pour me proposer de monter … avant d’enchainer le questionnement de rigueur ! Avec le recul je me demande si la marche dans la boue n’est pas moins fatiguante car etre prive de reflexion a force de repeter la meme chose toute la journee ou d’essayer d’eviter les contacts est litteralement epuisant ! A la moindre pause trop longue, la punition etait la meme: attroupement et questionnement.

Au moins il faisait beau et ca me changeait des derniers jours. Au soir du 3eme jour, tandis que je sortais du bourg de Dekhanabad, des jeunes insisterent pour que j’aille voir un prof de francais qui habitait dans le coin. Le type m’invita aussitot a passer la nuit chez lui puis de visiter son ecole le lendemain matin. Effectivement j’allais proceder a une petite visite “protocolaire” du college comme invite de marque, avec discours devant tout les gosses rassembles dans la cour et tournee des classes dans la foule.C’etait assez sympathique et rafraichssant au demeurant, tellement plus interessant que les journees “village perpetuel”.

Je repartais aussitot neanmoins mais cette fois ci dans l’optique de ne rencontrer personne car ma jauge de “social” etait arrivee a saturation et je frisais la mysanthropie! Ce fut ainsi pendant les 4 autres jours de la traversee du massif, limitant tout contact aux ravitaillement dans les epiceries ni plus ni moins. J’aurais tout le loisir d’apprecier les collines et les montagnes du coin avec parfois quelques canyons creuses par le ravinement massif plutot interessants. L’endroit etait egalement propice a l’elevage d’ovins, ce qui me vaudra de croiser presque continuelement des bergers et leurs troupeaux.  D’ailleurs chaque soir, quand venait le moment du bivouac,  il me fallait ruser pour echapper a la vigilance des bergers sans quoi je me retrouvais systematiquement cerne de curieux a la tombee du jour qui voulaient toujours tripoter mon materiel et voir mon passeport (c’est une obsession chez les ouzbeques en general comme en Azerbaidjan). Les bergers ne peut etre pas tres futes mais mais ils ont tous une tres bonne vue, en tout cas bien meilleure que la mienne, et il et difficile de ne pas se faire remarquer dansces grands espaces depourvus d’arbres. A ce propos j’ai eu egalement toutes les peines du monde a trouver des opportunites pour me laver: d’une part parceque toutes les sources ou presque etaient captees pour alimenter les vallees en contre bas via un systeme infernal de tuyauterie aerienne tandis que les torents charriaient de la boue a cause des orages precedents et surtout a cause de la curiosite des bergers. Pas moyen de bouffer, faire une sieste, aller chier ou me savonner a poil pres d’une riviere sans qu’un berger ne se rapplique en quelques minutes !

Le 16 avril au soir je quittais les montagnes pour rejoindre l’ultime vallee conduisant a la frontiere tadjike. Il me restait presque 1 semaine de visa pour a peine plus de 100 km, c’etait bien plus que necessaire.
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Commentaires

Merci de nous emmener en voyage avec vous !
Bonne continuation,
Juliette

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