Ecrit le vendredi 21 janvier 2011 à 10:33 par Sylvain.

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Azerbaidjan, deuxieme acte

ma derniere semaine en Azerbaidjan, de Bilasuvar a Astara, la ville frontiere avec l'Iran

Me  voici  aux portes de l'Iran a Astara (cote Azerbaidjan) pour entamer ma marche hivernale dans ce pays. Nouveau pays, mais nouveau visa aussi, pour l'instant je ne dispose que d'un mois mais j'ambitionne de faire prolonger une voire deux fois si c'est possible. Il me faudra traverser la partie nord du pays mais aussi faire un crochet a Teheran pour demander mes visas pour le Turkmenistan, l'Ouzbekistan et le Tadjikistan. Encore beaucoup d'incertitudes sur le timing a venir mais je suis optimiste.

En attendant je vais dresser un dernier bilan de la derniere partie de ma traversee de l'Azerbaidjan.

Pour commencer je dirais que cette deuxieme mi-temps se sera averee bien us interessante que la premiere, mais elle ne fut pas parfaite non plus.

Pour les points positifs, entre autres:

-        j'ai pu a nouveau etre heberge chez Jon, un americain volontaire du Peace Corps a Bilasuvar et avoir la chance d'assister aux cours qu'il donnait aux jeunes de la bourgade. Comme Josh de Zaqatala, Jon travaille en collaboration avec les ecoles de leur ville pour enseigner l'anglais aux eleves et leur donner une chance de poursuivre leurs etudes a l'etranger. Ils parlent l'azeri couramment et connaissent bien le pays dans lequel ils sont implantes: leurs conseils m'auront ete bien utiles pour traverser le pays sans problemes.

-        J'ai l'objet d'une interview express, a « l'albanaise », par des journalistes de la chaine TV ANS (nationale) qui passaient par la tandis que je quittai Bilasuvar. Cela m'aura valu une petite notoriete assez amusante par la suite quoique parfois encombrante …

-        j'ai pu crapahuter pendant 3 jours dans les collines boisees (et boueuses et c'est peu dire) qui precedent les hauteurs du massif du Talysh et beneficier d'une paix royale tout ce temps. Le seul inconvenient est de se faire reveiller la nuit par des renards qui tournent autour de la tente ou par les grognements et les hurlements des loups dans les alentours; cela dit je prefere ca a l'inquisition des villageois qui s'imaginent qu'un « terroriste » fomente un attentat en dormant dans sa tente, meme loin de leur bled.

-        Egalement, ma premiere (et unique) hospitalite de la part d'une famille azerbaidjanaise qui m'auront litteralement deroule le tapis rouge pour ce qui fut probablement mon meilleur souvenir du pays.

-        Quelque fois des gens qui m'ont refile a bouffer, ne serait-ce qu'un pain ou meme quelques pommes, ca fait toujours plaisir !


Pour les aspects negatifs:

-        ma premiere « interpelation » policiere qui m'a mene au commissariat principal de la ville de Masali a cause d'un vieux connard en manque de consideration, qui trouvait suspect qu'un etranger se ballade dans les montagnes du coin. Rien de grave au final, juste une perte de temps monstrueuse a glander au commico et le fait d'avoir du quitter prematurement et contre mon gre les montagnes puisque ces andouilles m'ont « relache » en plein centre ville, 15 km plus loin sur le littoral. Je m'attendais a pire de la part de flics parmis les plus corrompus au monde.

-        Etre reveille la nuit sous sa tente par des villageois, parfois armes (heureusement pas agressifs) soit en mode parano avec l'interrogatoire de rigueur et l'obsession de voir le passeport ou en mode casse-couilles du genre: « dormir la-dedans (ma tente) c'est pas bien, viens chez moi plutot ! » « tu as de l'argent ? Combien ? Chez moi pas cher ! » « c'est bien ca (ma lampe frontale ou mon filtre a eau) ! Tu me le donnes et tu viens chez moi ce soir ! » … Dans tout les cas, j'envoie chier et la parade c'est de leur dire d'appeler les flics s'ils sont pas contents. Generalement, ils lachent prise rapidement car les flics du cru sont tellement corrompus que ca leur ferait d'avantage d'emmerdes s'ils les appelaient ! Il faut dire aussi que dormir avec sa tente meme loin d'un village tranquillement et discretement est une vrai gageure ici: les azeris ont cet espece de 6eme sens parano pour detecter un etranger ou bien il y a toujours un berger ou un gosse planque derriere un arbre qui vont cafarder au bled …

 

En complement sur l'Azerbaidjan j'ajouterai egalement que l'eau n'est pas potable, excepte au plus pres des montages. C'est assez incroyable car tres souvent l'eau des canalisations et du robinet a  le goût, l'odeur et la couleur digne d'un reseau d'eau usee ! Un conseil filtrez ou traitez l'eau avant de la boire, les azeris ne boivent que du the pour cette raison.

Ensuite je dirais que j'ai eu tres souvent affaire a des gens attires par le fric et en permanence a la recherche du profit a la vue d'un « touriste ». Cela semble tres naturel ici et rependu comme pratique aussi irritant que cela puisse etre mais il existe fort heureusement des exceptions. J'ai pu rencontrer quelque fois des gens desinteresses et amicaux sans la moindre arriere pensee, c'est tres raffraichissant voire inattendu.


Je vais meme me risquer un theoreme: si vous rencontrez des types (mais aussi des femmes ou des gosses) avec des dents en or (c'est une pratique tres, tres rependue chez les azeris, cela peut aller de 1 a 2 dents jusqu'à l'integralite des chicots) vous avez de tres grandes chances d'avoir affaire a un « requin » (c'est comme ca que je les appele ;) ). Dans le cas contraire (dents blanches, pourries ou manquantes) vous avez davantage de chances de trouver un interlocuteur desinterresse !

Dernier point et non des moindres: tout ce qui a attrait a la region du haut Karabag ou de l'Armenie en general est un sujet tres sensible ici.Tout les azeris haissent les armeniens que je sache. L'armee armenienne a envahi cette region en 1994 et entraine un flot massif de refugies azeris hors de la province. Depuis, et malgre le cessez-le-feu, il y a regulierement des jeunes appeles (le service militaire est de 2 ans ici) qui se font buter de part et d'autre de cette ligne lors d'echanges de coups de feu. La propagande du regime dynastique presidentiel Aliyev (pere et fils) entretient egalement cette haine et il convient d'etre tres prudent lorsque ce sujet est aborde. Les azeris veulent toujours voir votre passeport pour verifier une eventuelle trace d'un passage en Armenie (meme quand on leur dit que non) et vous posent regulierement la question sur ce que l'on sait  sur le Haut Karabag, Bref faut faire gaffe et botter en touche pour eviter les emmerdes.

Billet précédent :
Premiere semaine en Azerbaidjan

Commentaires

Le vendredi 06 janvier 2012 à 01:33 par Sylvain

re

bon, je vais repondre au sujet de la forme et du fond donc.
je reconnais que les 2 recits sur l'Azerbaidjan ne sont pas tres etoffes. ils sont probablement assez reducteurs aussi. a l'origine ces 2 textes etaient destines a alimenter des news rapides sur le forum du site toutenmarchant ... avant que mes 2 anciens partenaires ne decident de profiter de mon depart pour "m'effacer" du site. je n'ai pu commencer a realiser mon propre site qu'un an plus tard lorsque j'etais au Cambodge et entre temps il m'etait arrive pas mal de choses. faute de temps et d'envie aussi je n'ai jamais pu remagner ces textes (et ce n'est pas encore pour demain car apres 7 mois en Australie je n'ai rien pu redige a ce sujet !). a vrai dire j'aimerais d'avantage rediger de nouveau textes sur mon long sejour en Georgie, tres riche en experiences positives (et negatives dans une moindre mesure) a la place, mais chaque choses en son temps !
au sujet du contenu je reconnais que l'ensemble est plutot negatif mais le contexte dans le lequel j'ai du evoluer dans le pays etait tres particulier. a tel point qu'il m'avait fallu (pour la premiere et la derniere fois si on ne compte pas le cas specifique du Turkmenistan) "tricher" en empruntant un transport en commun pour parvenir a atteindre l'Iran dans les temps. pour faire simple: j'ai ete coince tres longtemps a Tbilissi, la capitale georgienne car la douane locale avait bloque un colis de materiel en provenance de France sans m'en informer. au final, je suis entre en Azerbaidjan avec un visa d'un mois mais je devais absolument entrer en Iran avant la peromption du visa de ce dernier pays, soit un peu moins de 3 semaines plus tard. dans ces conditions il me fallait presque "courrir" tout du long et forcement l'itineraire choisi, avant de "tricher" du moins, n'etait pas vraiment formidable. le long des axes principaux les gens du coins ne considerent bien souvent les etrangers occidentaux comme des robinets a pognon ... et c'est bien souvent le cas dans la plupart des pays. dans la partie sud j'ai pu d'avantage soigner mon trajet et il m'est arrive de rencontrer des gens formidables fort heureusement ... meme si des flics ont essaye de me soutirer du fric en me gardant plusieurs heures au poste et que certains ploucs etaient venus me reveiller un soir sous ma tente les armes a la main, je conserve neanmoins un meilleur souvenir de cette periode ! au sujet de la politique, ce qui m'a le plus sidere c'est l'absence totale de revolte des autochtones. l'Azerbaidjan est le pays le plus riche du caucase avec ses rentes petrolieres mais le clan presidentiel se met tout dans les fouillles en s'appuyant sur un systeme policier ultra repressif et une propagande ultra caricaturale ... je veux dire, en Georgie ou en Iran, les 2 pays voisins les gens en ont autant chie voire d'avantage encore en subissant une repression des plus severe et il y a toujours des gens pour se revolter, manifester quand ce n'est pas mener une revolution. en Azerbaidjan, rien. ils gobent la propagande et c'est tout (surtout les jeunes et j'ai eu l'occasion d'en rencontrer pas mal via des Peace Corps americains). ca me foutait vraiment en l'air !

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