Ecrit le jeudi 02 juin 2011 à 12:44 par Sylvain.

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Interlude

Mon sejour en Malaisie, Weng Prachan - Kuala Lumpur - Melaka 13.02 - 19.04.2011

Un peu plus de 2 mois en Malaisie et pas grand chose a raconter. En gros mon passage dans le pays se resume en 3 parties: le parcours de la frontiere thai jusqu'a Kuala Lumpur, un long sejour dans la capitale (dont un aller retour en bus a Singapour) puis enfin le depart pour Melaka et ses ferrys pour l'ile de Sumatra en Indonesie. La Malaisie est pays assez rare en Asie sur le plan consulaire: 3 mois de permis de sejour gratuit sans visa. Avec ca j'avais enfin une grande marge de manoeuvre pour faire pas mal de choses sans avoir a me preoccuper du temps. Au final, je n'aurais pas vraiment "visite" la Malaisie continentale. En fait juste la cote ouest, sans doute la partie la moins interessante du pays. Tout ce temps disponible, je l'aurais surtout consacre a preparer au mieux la suite de mon voyage.
Pour commencer, il m'a fallu rejoindre la capitale. Ce fut chose faite en 2 semaines dans la pure continuite du rythme adopte en Thailande. Sans forcer quoi. En changeant de pays, j'allais tout de meme constater pas mal de differences, pas forcement toutes profitables en ce qui me concernait. En premier lieu, le cout de la vie avait pris une augmentation tres significative. Par rapport a la Thailande les prix avaient grimpe de 1,5 a 3 fois plus cher, en particulier les cloppes a 3 $ minimum le paquet ! Etant donne que j'etais incapable de reduire ma conssomation de tabac, j'ai du faire l'impasse sur pas mal de produits alimentaires pas forcement indispensables mais qui agrementaient mon ordinaire auparavant (sachets de lait de soja et de chocolat en poudre genre nesquick ainsi que de nestea a diluer dans l'eau par exemple). La Malaisie etait clairement un pays "riche" avec des rentes petrolieres. Sans atteindre les standards de l'Europe occidentale, les malaisiens dans leur majorite jouissaient d'un niveau de vie tres confortable, comparable a ce que j'avais pu voir dans les grandes villes chinoises. A vrai dire quand on parle de malaisiens, il faut presque imperativement specifier de quelle communaute on parle. Il y a 3 communautes "ethniques" bien distinctes qui composent la population du pays dans des proportions a peu pres equivalentes: les malaisiens de "souche" musulmans dont la langue est proche de l'indonesien, les chinois qui gerent la pupart des commerces du pays et enfin les indiens, employes agricoles pour la plupart. Toutes ces communautes ne se melangent pas vraiment et parlent leur propre langue. En fait presque tout les malaisiens sont anglophones car c'est le seul moyen pour que tout ce petit monde communique entre eux ! C'etait le gros avantage en Malaisie, je pouvais adresser la parole a n'importe qui et discuter tres facilement (j'adore parler anglais avec des non-anglophones, on a le meme accent de merde), j'ai meme eu droit au proselytisme de temoins de jeovah casses couilles pour vous dire !

Question progression, je n'ai pas vraiment connu de difficultes hormis peut etre la rigueur du climat. Il faisait toujours plus chaud a mesure que je progressais vers le sud, et rouler l'apres midi devenait particulierement penible: le soleil cognait mechamment, et j'avais la sensation de cuire en permanence. L'humidite etait assez atroce egalement. Meme assis a l'ombre je ne cessais jamais de transpirer, pedaler sur les routes vallonnees du pays me faisait ruisseler en continu. Il n'y a pas vraiment de saison seche ou hummide en Malaisie: toute l'annee il fait chaud a crever et les orages petent en fin d'apres midi et quelque fois la nuit. Pour le coup je ne faisais rarement de grosses journees, preferant m'arreter des que le ciel devenait trop charge. Ca me laissait le temps de selectionner un bon emplacement pour la tente avant le deluge. Autrement, traverser le pays n'avait rien de deplaisant: comme en Thailande les malaisiens n'etaient pas envahissants et me foutaient la paix, les conducteurs de bagnoles etaient respectueux de la securite des 2 roues et enfin bivouaquer discretement et parfois squatter n'etait pas trop difficile. Je possedais une bonne carte de Malaisie et je m'etais debrouille pour choisir un itineraire "sur mesure" en evitant les axes majeurs et les grosses villes cotieres. A l'exception de l'immense plaine cerealiere au nord du pays pres d'Alor Setar, j'allais passer le plus clair de mon temps sur les petites routes qui bordaient les premiers reliefs de la chaine montagneuse qui traverse le pays du nord au sud. Le traffic routier y etait bien moins important et l'urbanisation quasi nulle. L'avantage des reliefs, c'est que l'on y trouve des petits cours d'eaux a peu pres claires soit autant d'opportunites d'aller se raffraichir et de soigner l'hygiene tant qu'a faire ! En passant dans des secteurs a collines en Malaisie, on se retrouve presque exclusivement a traverser des forets de plantation de palme: le pays est le premier producteur au monde d'huile de palme. Sur la cote ouest, tout ce qui ressemble de pres ou de loin a un arbre est dans 95% des cas un palmier ! Il n'etait plus question de plantations familiales comme en Thailande, mais d'immenses etendues detenues par des grandes corporations industrielles. En general il y a avait une sorte de village dortoir-usine pour les employes agricoles avec un temple hindou puis 5 km minimum de plantions de part et d'autre tout au long de la route. Ce n'etait pas forcement laid mais ca manquait quelque peu de diversite c'est sur ... Dans l'ensemble je pouvais tres facilement camper meme si les clotures barbelees et les fosses me compliquaient quelquefois la tache. Mes seuls voisins de bivouac etaient les groupes de singes qui vivaient dans les arbres et qui se nourrissaient manifestement de noix de palmes. Je ne saurais dire exactement quelle variete de singes, des macaques peut etre, en tout cas ils etaient assez marrants a observer car ils passaient la plupart du temps a se coller des gnons ! Quelquefois j'avais le "chef", le male dominant, qui venait faire le mariolle devant ma tente en montrant les crocs et agitant les bras de maniere menacante mais il suffisait que je me leve pour qu'il mette les voiles aussi sec. A la tombee de la nuit par contre, c'etait le calme plat et ce jusqu'a l'aube. Cote probleme mecanique, je bousillais a nouveau les roulements et l'axe du pedalier ... a peine 1 mois apres avoir remplace l'ensemble a ma sortie de l'hosto ! C'etait vraiment penible d'etre trahi en permanence par son materiel, et couteux de surcroit (12$ l'echange dans un bled).

Le 27 fevrier j'arrivais a Kuala Lumpur pour y sejourner un bon mois et demi. Je profitais de ce long break pour regler la plupart des trucs que j'avais laisse de cote depuis plusieurs mois: recevoir un colis de France de materiel de rechange, racheter un nouvel appareil photo numerique (l'autre etait pour ainsi dire foutu depuis le Cambodge), acheter egalement un petit ordinateur portable (disons que c'etait strategiquement le bon moment pour cela: la Malaisie est un pays ou l'informatique est relativement peu cher et travailler dans les internet cafes allait devenir de plus en plus couteux avec l'Australie qui se pointait a l'horizon), me remettre au boulot sur mon site internet et enfin commencer les longues et penibles demarches pour obtenir les visas adequats pour l'Indonesie et l'Australie. Accessoirement aussi, ca me permettait de laisser passer le plus gros de la saison des pluies en Indonesie, detail d'importance croyez moi ! Concernant ces demarches consulaires, il ne m'aura fallu pas moins de 3 semaines pour en venir a bout: j'ai du faire un aller-retour de quelques jours a Singapour pour obtenir 2 mois de visa en Indonesie car le consulat de Kuala Lumpur ne semblait pas dispose a en fournir tandis qu'il m'aura fallu livrer un combat acharne par mail interpose avec l'administration australienne pour parvenir a mettre la main sur le saint Graal, un visa touristique d'un an (pour plus de details, consulter les fiches pays correspondantes car c'est plutot complique). Je ne peux pas vraiment dire que j'ai specialement profite de Kuala Lumpur, la ville avait peu d'attraits. KL est pratiquement integralement dediee a la bagnole avec son reseau tentaculaire d'autoroutes et ses avenues a sens unique d'une part et il n'y a pas grand chose a y faire hormis du shopping dans un des innombrables centres commerciaux du centre. En quelques heures a velo on vite fait le tour des quartiers communautaires tels que Chinatown ou Little India et puis basta. En tout cas s'il y a bien quelquechose de remarquable a KL, c'est la climatisation. Absolument tout y est climatise, les habitations, les bureaux, les transports en commun, les commerces ... etc. On passe son temps a se prendre des ecarts de temperature assez violents tout au long de la journee, a suer comme un ane en marchant 30 mn dans la rue puis a se les geler en entrant quelque part ... avant de se manger une grosse claque avec la chaleur humide en ressortant juste quand on commence a s'accomoder a la fraicheur ! Pas de quoi tomber malade en ce qui me concerne mais les malaisiens etaient habilles en consequence comme le seraient des parisiens au mois d'avril ! A titre personnel, je n'ai pas vraiment "sociabilise" pendant mon sejour a Kuala Lumpur, hormis avec quelques rares barroudeurs de passage francais et belge ainsi que les retrouvailles avec Gaetan, le cycliste suisse rencontre un an auparavant en Iran. Contrairement a mes longs sejours a Tbilisi en Georgie ou Teheran en Iran, ou je n'avais presque jamais passe une journee seul ou sans aller sortir a droite ou a gauche, je n'ai pas eu l'occasion de me lier avec qui que ce soit pendant tout ce temps. Les locaux etaient plutot distants d'une part et je n'avais pas vraiment d'atomes crochus avec les occidentaux presents sur place. C'est peut etre lie a la situation geographique du pays, en Asie du sud est: alors que je retrouvais souvent des voyageurs ambitieux et debrouillards jusqu'en Asie Centrale (marcheurs, cyclistes, auto-stopeurs ... etc), je passais desormais le plus clair de mon temps a rencontrer des "touristes" fraichement debarques d'un avion passaient le plus clair de leur temps a siffler de la biere sur une terrasse et dont la moindre activite se resumait a suivre a la lettre les instructions d'un guide de voyage (lonely planet, routard ... etc). Bref je n'avais pas beaucoup d'affinites avec tout ce petit monde ... ou alors je commencais a devenir mysanthrope, qui sait ?

Le 15 avril je quittais pour de bon Kuala Lumpur, direction le port de Melaka a un peu moins de 250 km au sud ouest. Ce n'etait pas vraiment un tres long trajet, mais je fis en sorte d'etaler sur 4 jours mon arrivee la-bas. Principalement pour me remettre tout doucement dans le bain et eviter de me niquer un genou comme ce fut le cas lors de ma reprise apres mon mois de volontariat au Cambodge. J'avais pris un peu de bidoche pendant ce long break (pas autant que lors du volontariat cela dit, les produits alimentaires coutaient bien trop cher en Malaisie !) et il fallait de sucroit que je me rehabitue a l'effort sous la fournaise sur des routes valonnees, 4 jours c'etait pas de trop ! A Melaka, je prennais un ticket pour l'unique ferry qui rallie desormais la Malaisie continentale a l'ile de Sumatra: 40 $ la traversee (sans surcout pour les bagages et le velo car le bateau etait loin d'etre plein heureusement) tout de meme, c'etait presque le cout de mon visa indonesien de 2 mois ! Ce 19 avril je quittais pour de bon l'Eurasie, a peu pres 3 ans apres avoir quitte la France, direction l'archipel indonesien avant d'attaquer l'Australie. Un nouveau palier de franchi en somme !

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